Le leadership à bras le corps
Prendre la parole en public est un processus qui exige que notre corps tout entier s'engage.
Récemment, j’ai eu la chance d’assister à une conférence de Wendy Palmer au prestigieux siège de Google France. Cette conférencière californienne est fondatrice d’un programme de coaching appelé « Leadership Embodiement », qui s’appuie notamment sur les principes de l’Aïkido pour enseigner les clefs de la prise de parole en public et du leadership.
Wendy Palmer nous rappelle que notre système cognitif et physiologique s’est initialement structuré pour permettre la survie de l’espèce humaine dans un environnement hostile. Ces systèmes de défense archaïques que nous avons mis en place dominent encore largement dans nos comportements corporels, et déterminent notamment notre mode de communication les uns avec les autres. C’est la raison pour laquelle le contenu verbal de ce que nous disons a beaucoup moins d’impact sur les autres que notre présence physique : les expressions non-verbales (gestes, attitudes physiques, odeurs) et para-verbales (ton, volume et rythme de la voix) représenteraient jusqu’à 80 % des messages échangés entre deux personnes.
Prenez quelques minutes pour repenser à une rencontre ou un échange qui vous a positivement marqué il y a 10 à 15 ans. Pouvez-vous décrire en quelques mots ce que vous avez le plus retenu de cet échange ?
Bien souvent, vous constaterez que ce qui surgit en premier dans votre souvenir c’est une attitude, une expression, un regard, une « présence », ou même parfois une image, une odeur, une sensation. Et pour cause : les mots qui ont été prononcés sont d’autant mieux imprimés dans notre mémoire qu’ils sont associés à une impression visuelle, sonore, olfactive ou sensorielle.
Tout se passe comme si nous nous engagions dans « un corps à corps » invisible.
En situation de stress, ces phénomènes physiologiques sont amplifiés : lorsqu’on se trouve face à une personne ou un groupe de personnes non familières, dont on ne peut pas connaître immédiatement les intentions positives ou négatives, instantanément, toute notre énergie cérébrale sera concentrée pour la réponse à l’éventuel « danger » qu’elles représentent. Pour faire face à ce que la partie la plus archaïque de notre cerveau perçoit comme un danger, des mécanismes automatiques se mettent en place, avant même que nous ayons consciemment analysé le niveau de risque réel. C’est notre corps qui sera le premier à s’organiser pour parer à ce « danger », en produisant notamment des hormones, l’adrénaline et le cortisol, qui libéreront l’énergie pour nous permettre de nous « défendre ». Tout se passe comme si nous nous engagions dans « un corps à corps » invisible.
Malheureusement, le cortisol a également pour effet de bloquer les ressources cérébrales qui mobilisent la créativité et la vision globale qui sont nécessaires pour instituer une relation constructive avec notre entourage.
La bonne nouvelle, c’est que nous avons du pouvoir sur notre corps.
Pour surmonter ces réactions physiologiques primaires et créer du lien, nous avons la capacité à mobiliser d’autres ressources corporelles.
Si vous souhaitez améliorer la qualité relationnelle que vous avez avec une personne ou un groupe de personne, autrement dit, si vous souhaitez gagner en leadership, il peut être très utile de prendre conscience à quel point votre corps « parle pour vous », et joue un rôle essentiel dans la relation que vous entretenez avec les autres, notamment lorsqu’ils sont nombreux !